Cas particulier de la grossesse :

Chez toute jeune fille, ou toute femme, en âge de procréer, le médecin demandeur et le radiologiste doivent réglementairement rechercher s’il existe une grossesse avant de peser l’indication de l’acte radiologique[4]. Cette recherche doit être enregistrée par écrit sur la demande d’examen et sur le compte rendu radiologique[5] et le consentement de la femme recherché pour toute exposition durant la grossesse.

Il paraît opportun de rappeler, au delà de ces dispositions réglementaires, les conclusions scientifiques de la Commission internationale de protection radiologique (CIPR) qui a récemment fait par de ses recommandations relatives à la grossesse dans sa publication 84 :[6]

La première préconisation de la CIPR est d’afficher dans différents endroits de la structure radiologique (accueil, salle d’attente, déshabilloirs) un rappel du type « S’il se peut que vous soyez enceinte, veuillez en informer le médecin ou le manipulateur avant la radiographie ».

La CIPR rappelle ensuite qu’il est scientifiquement injustifié de refuser un examen radiologique nécessaire pour la femme au motif de la simple possibilité d’une grossesse, puisque il est reconnu par la CIPR (publication n° 84) que « Les doses reçues dans le cadre de la plupart des procédures diagnostiques prénatales correctement conduites ne présentent aucun risque supplémentaire mesurable de décès prénatal, de malformation ou d'altération du développement mental par rapport à l'incidence naturelle de ces aléasDans la quasi-totalité des cas, si un examen diagnostique s’avère nécessaire au plan médical, le risque pour la mère de ne pas faire l’examen est plus grand que le risque de préjudice potentiel pour le fœtus… »

Ensuite, en cas de grossesse avérée ou simplement non exclue, il convient évidemment de prendre toutes les mesures raisonnables pouvant minimiser l’exposition du conceptus lorsque celui-ci est dans le faisceau direct. En effet, « L'exploration radiologique médicalement indiquée de zones situées à distance du fœtus, comme le thorax, le crâne ou les extrémités (autres que la hanche), peut être réalisée en toute sécurité à n'importe quel moment de la grossesse si l'appareillage est correctement blindé et que l'on utilise une collimation du faisceau de rayons X. Il n'est généralement pas nécessaire d'adapter les procédures ».

Pour ces examens fait à distance du pelvis, il semble tout autant scientifiquement injustifié d’exiger un diagnostic de grossesse négatif avant toute radiographie.

[4] Art. R. 43-56. - Lorsque l'exposition aux rayonnements ionisants concerne une femme en âge de procréer, le médecin demandeur et le médecin réalisateur de l'acte doivent rechercher s'il existe un éventuel état de grossesse.
Si la femme est en état de grossesse ou allaitante ou si l'éventualité d'une grossesse ne peut être exclue, une attention particulière doit être accordée par chacun d'entre eux à la justification de l'acte. Celle-ci doit être assurée en tenant compte de l'urgence, de l'exposition de la femme et de celle de l'enfant à naître.

[5] Art. R. 43-61. - Aucun acte exposant aux rayonnements ionisants ne peut être pratiqué sans un échange préalable d'information écrit entre le demandeur et le réalisateur de l'acte.
Le demandeur fournit au réalisateur les informations nécessaires à la justification de l'exposition demandée dont il dispose. Il précise notamment le motif, la finalité, les circonstances particulières de l'exposition envisagée, notamment l'éventuel état de grossesse, les examens ou actes antérieurement réalisés et toute information nécessaire au respect du principe mentionné au 2° de l'article L. 1333-1.
Le médecin réalisateur de l'acte indique sur un compte rendu les informations au vu desquelles il a estimé l'acte justifié, les procédures et les opérations réalisées ainsi que toute information utile à l'estimation de la dose reçue par le patient. Un arrêté du ministre chargé de la santé précise la nature de ces informations.

[6] Cette brochure de la traduction française de la publication 84 de la CIPR « Grossesse et irradiation médicale » peut être obtenue sur demande par courrier à EDP Sciences, 7 avenue du Hoggar, Parc d’activité de Courtabœuf, 91944 Les Ulis Cédex A, France.